Noël, joyeux Noël, bons baisers de la ZEP rurale

Demain, c'est les vacances ; oui, j'exerce la dure et peu reconnue profession d'assistante d'éducation dans un collège de province classé ZEP (zone d'éducation prioritaire pour les non initiés). J'ai une hâte que vous ne pouvez même pas imaginer. Une sorte de ras-le-bol s'est emparé de tout mon être depuis déjà deux semaines.

Ras-le-bol des gosses à problèmes, des gamines de sixième maquillées comme des Subaru volées, des boutons d'acné, des odeurs de déodorants senteur vanille-fraise Tagada qui masquent tant bien que mal d'autres senteurs moins définissables, des Converse trempées sous la neige, des gloussements, des parents qui veulent se débarrasser de leurs gamins issus d'un premier mariage, des pères alcoolos et des mères cassées par la vie ou par dieu sait quoi.

Oui, on a tout ça dans l'éducation nationale ! On est des veinards. Quand on pense que toute la population -sans exception- défile à la queue leu leu dans les locaux des établissements scolaires, ça fout les jetons ! De tous les élèves que je côtoie, naîtront des médecins, des ouvriers, des profs, des maçons, mais aussi, potentiellement, des meurtriers, des fachos, des mecs qui tabasseront femme et enfants... Et le pire dans tout ça, c'est que j'ai parfois le sentiment de savoir qui sera qui (mais là, il faut lutter).

Entre flic et confident, c'est ça mon métier. Et le soir, il faut sortir de ce bourbier, se décrotter la tête et passer à autre chose pour s'occuper de ses propres enfants, de sa propre vie.

Sinon, j'ai fait le sapin la semaine dernière, j'ai acheté tous les cadeaux de Noël et j'ai trouvé une recette de dinde farcie qui m'a l'air plus qu'intéressante.