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Pas de printemps pour Ardèle Chicot !
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Pas de printemps pour Ardèle Chicot !
6 avril 2010

Funny games US (mais pas funny du tout Haneke…)

Voici donc, dix ans après sa sortie, le remake (quasiment à l’identique) américano-franco-britannique de Funny Games : Funny Games US. Et là, vous vous dites : « mince, les américains ont encore frappé ! Ils nous ont encore crépi l’un de nos films européens de beurre de cacahuètes et de sirop d’érable »… là, je pense par exemple au remake américain des « Diaboliques » (quelle bonne rigolade quand j’y repense !).

Et bien non, les aminches ! Michael Haneke est un autrichien malin (et pervers) : il a lui-même réalisé son remake américain à lui !

Et on peut dire qu’avec Funny Games US, Haneke nous pond du grand Haneke. J’entends par là qu’il fait du spectateur exactement ce qu’il veut. Il nous emmène où il veut, nous fait miroiter ce qu’il a envie de nous faire miroiter, il nous fait espérer, et tout ça pour quoi ? In fine, tout ça pour nous laisser tomber comme des vieux kleenex à la fin de son film.

Et oui, celui qui ne connaît pas le réalisateur autrichien se fait rouler dans la farine et abuser à tous les coups. D’ailleurs, je dois vous avouer qu’en tant que fan absolue de Haneke, j’ai toujours, lorsque je vais voir l’un de ses films, un vague espoir qu’il m’épargne et qu’il me laisse voir ce que j’ai envie de voir. Evidemment, il n’en n’est rien et tout est toujours perdu d’avance…

L’histoire n’a pas une grande importance dans Funny Games US ; pour aller à l’essentiel, nous rencontrons deux psychopathes propres sur eux qui s’en prennent à une famille américaine plutôt sympathique. Tout se joue dans le même monde (n’allez pas chercher un sens social à ce film !)

Alors oui, c’est violent mais ce n’est pas seulement l’histoire en elle-même qui est violente, c’est également et surtout la façon de filmer (les coupes abruptes, les plans longs et angoissants …). Le schéma du film est brutal lui aussi : un début trop paisible (donc préoccupant), un malaise qui caractérise le cinéma de Haneke (le voisin qui veut des œufs, quel calvaire pour nous autres pauvres spectateurs !), une montée en puissance qui nous anéantit littéralement et enfin une explosion de violence psychologique et physique qui –on a l’impression – ne s’arrêtera jamais.

Haneke joue avec nos nerfs et refuse de nous servir la soupe tiède et édulcorée qui remplit bien souvent nos bols. Lui, nous procure tout ce que l’on déteste c’est à dire une image de l’humanité et de l’homme moderne pas flatteuse pour deux sous. Un miroir de notre propre monde en somme où le jeu est omniprésent : le blind-test musical du début se mute en jeu angoissant et bestial orchestré par deux dingues qui semblent tout droit sortis d’un country club… Car, rappelons le, les deux tortionnaires appartiennent au même monde que la petite famille ; ils en sont juste une réplique monstrueuse et dégénérée. Nous sommes ce que nous voyons et ce que nous voyons est insupportable.

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Commentaires
S
sur Amazon...
S
j'aime vraiment votre manière d'appréhender les choses: tout semble tout à coup évident et simple(et en plus, vous etes drôle). Bien à vous.<br /> PS. c'est bien vous sur Amazone, non ?
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